Alors, ça y est, vous êtes rentré de vacances, bronzé comme une naïade levantine, mais fauché comme les blés. La cigale gorgée de rosé piscine ayant un peu trop fait chauffer la carte bleue, vous vous retrouvez fourmi devant le buffet en train de transpirer sur votre relevé bancaire. Vous ne savez pas comment vous allez pouvoir remettre de l’artiche dans le nourrain qui crie famine alors qu’il faut équiper les chiards pour la rentrée et remplacer votre PC portable qu’a pris l’eau et le sable à la Grande-Motte. Et comme souvent, dans ce genre de pétrin, on se dit qu’on va rogner sur les frais de bouche, y’a des nouilles à l’eau, du riz au gras, du steak haché et du yaourt maigre dans l’air. Ça va être la soupe aux cailloux pour la tablée, et encore une fois, la bectance va être la victime collatérale de vos coupes thatchériennes. C’est d’autant plus injuste que la gamelle n’y est pour rien. Vous allez lui faire payer votre train de vie de nabab estival à coups de rogatons dans l’assiette. Et là, permettez, mais il y a comme un gros malentendu : on n’est pas obligé de se punir à table parce que l’on est raide dans le porte-monnaie. Suffit d’en revenir aux fondamentaux : cuisiner avec un max d’ingrédients frais, de saison coûtant peu chers. Le basique quoi quand on a compris que tout le monde peut faire mieux que les raviolis en boîte et la pizza quatre fromages surgelée qui se confond avec son emballage en carton.
Tiens prenez l’oignon. En voilà un prolo des frichtis qui ne demande pas mieux qu’à faire le beau sur vos papilles. Et pas seulement quand il rissole dans la poêle ou qu’il confit dans la cocotte. Ne vous sentez surtout pas obligés de le croquer cru avec un quignon de pain rassis, comme le faisait l’oncle Auguste pour qui les vaches maigres, c’était jamais férié. Au contraire, pomponnez-le pour en faire un vrai plat dont il sera la star. Il vous le rendra bien en bouche avec par exemple cette «tatin aux oignons» dénichée dans Cuisine des amis en Provence de Jeanne Bayol (1).
Pour six personnes, il vous faut 50 g de beurre ; 3 cuillères à soupe de miel liquide ; un kilo de petits oignons frais, épluchés et coupés en deux ; 50 g de raisins secs blonds ; du sel et du poivre. Pour la pâte : 250 g de farine ; 120 g de beurre ; 1 jaune d’œuf ; 2 grosses cuillères à soupe de crèmes fraîche (pour assouplir la pâte) ; une cuillère à soupe d’eau et une cuillère à café de sel.
Préparez d’abord la pâte : mélangez grossièrement la farine et le beurre, ajoutez le jaune d’œuf, la crème fraîche, l’eau et le sel. Lorsque la pâte est souple et homogène, couvrez-la d’un torchon et réservez-la dans un endroit frais, le temps de préparer la garniture. Préchauffez votre four à 180 degrés. Faites fondre le beurre dans une sauteuse, versez le miel et les oignons et faites cuire quinze minutes en remuant régulièrement, jusqu’à ce que les oignons soient dorés. Ajoutez les raisins, salez, poivrez. Rangez les oignons de façon régulière dans un moule à manqué, piquez la pâte à tarte à l’aide d’une fourchette et déroulez-la sur les oignons. Enfournez la tarte pour vingt à vingt-cinq minutes de cuisson. Laissez reposer cinq minutes hors du four, puis renversez la tarte dans un grand plat de service et servez-la, par exemple, avec une jolie salade de mesclun.
(1) Photographies de Bruno Suet, éd. de La Martinière (2016), 29€.
September 02, 2020 at 09:02PM
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